Des balades, des voyages, ici ou là , au jour le jour avec pour seule envie de s'émerveiller encore et encore
Avant de supprimer définitivement mon ancien blog et ne pouvant me résoudre à laisser dans l'oubli quelques articles qui ont pour moi un intérêt particulier, je les importe ici. Si vous les avez déjà lus. Passez vite votre chemin et revenez bientôt.
C'est au cours d'un voyage en Ontario et dans le Manitoba que nous avons fait étape dans un lieu peu ordinaire. Suivez-moi, je vous y conduis.
A l'Ouest de Winnipeg, une petite ville agricole: Elie
Pour rejoindre Elie, on emprunte, à partir de Winnipeg, la Transcanadienne vers l'Ouest et on arrive rapidement dans les prairies. La route est immensément large, les deux voies séparées d'une centaine de mètres. Le paysage est monotone, infini, uniformément coloré du jaune doré des champs de blé.
Cette journée là avait été très chaude et la soirée s'annonçait orageuse.
Elie est une ville typique de cette partie du Canada. Elle est coupée en deux par la voie de chemin de fer empruntée par les immenses convois ferroviaires qui transportent les céréales vers le lac Supérieur où elles seront acheminées par d'impressionnants "lakers" vers les Grands lacs et le Saint Laurent pour traverser ensuite l'Atlantique.
Nous ne savions pas que nous allions vivre une nuit exceptionnelle...
Nous avions réservé des chambres à " l'Auberge Clémence". Un joli panneau nous accueille. La pelouse est gorgée d'eau, probablement en raison d'un orage récent.
L'auberge Clémence, Inn on the Prairie
L'accueil est charmant et, nous ne nous y attendions pas, notre hôte parle français et presque sans accent. C'est fréquent dans cette région qui a par le passé, accueilli les immigrants en leur offrant 160 acres de bonne terre ou de prairie
Les familles, venues du Québec, cherchaient ici des terres bon marché. L'état du Manitoba fut constitué en 1870. C'était alors une terre quasi vierge où les bisons (l'emblème actuel du Manitoba) occupaient une partie des espaces. Les fourrures étaient la principale source de revenus des indiens Assiniboines. La culture du blé connût un essor extraordinaire à partir de 1878, date du premier envoi de cargaison de céréales en direction de l'Angleterre.
Ces canadiens français sont venus de l'Est avec leur langue et leur religion et avec l'espoir d'y trouver un avenir meilleur. Leur conquête de l'Ouest n'était pas forcément animée par la découverte de l'or mirifique mais seulement de terres cultivables et ici, il y en a des terres à cultiver!, et à perte de vue!
Au début du XXème siècle le commerce des fourrures est prédominant dans l'économie locale.
Le bâtiment de l'auberge est imposant.
Nous n'y prêtons pas attention et découvrons l'arrière du bâtiment.
Le jardin est frais, verdoyant et fleuri.
Un hâvre de paix après la journée chaude que nous avons passée à Winnipeg à visiter la ville et "The Mint" l'imprimerie nationale des pièces de monnaie.
Le bassin aux poissons rouges est charmant avec son petit pêcheur à la ligne.
Nos chambres sont au second étage, confortables.
Le salon de musique est agréable et une pièce/cuisine/salle à manger offre tout ce dont nous avons besoin.
N'ayant pas sommeil nous décidons de faire une marche dans la campagne et c'est là que tout commence à aller (un peu) de travers!
Le ciel s'obscurcit, je devrais dire le ciel devient gris puis noir d'encre, des éclairs zébrent le ciel comme un feu d'artifice, la pluie commence, la terre noire (certainement très fertile) nous colle au pied, nous décidons de rentrer rapidement pour nous abriter.
L'orage est violent mais heureusement beaucoup moins intense que la tornade qui a balayé Elie en 2007. De catégorie 5, elle fût la plus intense jamais connue au Canada et a ravagé l'ouest de Elie
Soudain un bruit sourd s'amplifie jusqu'à nous assourdir, la terre tremble, c'est.... un train qui ébranle ses deux kilomètres de doubles wagons superposés (d'une hauteur de presque 2 étages) et comme nous sommes à seulement quelques centaines de mètres du passage à niveau, il lance son klaxon (celui des western !!) à quelques mètres de nos oreilles.
C'est à partir de ce moment que notre nuit va devenir inoubliable.
Et au matin, nos hôtes nous semblaient frais et dispos. Nous les questionnons sur l'orage et, oh surprise, ils nous répondent qu'ils étaient habitués et n'avaient entendu ni trains, ni orage.
Le petit déjeûner fut le bienvenu, copieux, avec de délicieux pancakes, oeufs et confitures. La salle à manger (kitch, mais alors vraiment ... kitch) nous a fait sourire.
L'auberge : un couvent, une école, une chapelle
J'ai gardé pour la fin le plus surprenant.
Au premier étage, une chapelle fleurie à foison de fleurs artificielles sert régulièrement pour les mariages et baptêmes.
Cet ancien couvent reconstruit en 1915 témoigne de l'engagement catholique des canadiens français. L'église du Saint Sacrement toute proche a été édifiée et consacrée en 1909. Elle fait partie du diocèse de Saint Boniface crée par le père Ambroise Comeau en 1895. A partir de cette date de nombreuses églises, couvents, monastères furent construits et des hommes et femmes d'église vinrent, de France, pour y exercer leur ministère.
La dernière religieuse des Soeurs de Notre Dame des missions a quitté le couvent il y a une vingtaine d'année et c'est son neveu ( Jean, l'actuel propriétaire) qui a acheté le domaine pour le transformer en lieu d'accueil et de mémoire. C'est, je trouve, une belle histoire de vie et de patrimoine.
Cette maison est un lieu à la décoration hétéroclite (collection d'objets de décoration de Noël, d'objets religieux parfois détournés en usages humoristiques), mais où l'on peut se ressourcer, méditer, se reposer et échanger agréablement avec les hôtes...quand il n'y a pas d'orage!
Merci de votre visite et de m'avoir suivie jusqu'ici.
BELLE JOURNEE A TOUS
A bientôt pour la remontée de quelques autres "anciens" billets qui me rappellent de bons souvenirs.