Des balades, des voyages, ici ou là , au jour le jour avec pour seule envie de s'émerveiller encore et encore
Je vous propose aujourd'hui de découvrir un bâtiment pas tout à fait comme les autres. Je vous parle souvent de vieilles pierres mais là, je vais vous parler de... tôles embouties.
Nous voici donc à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Paris, dans le département des Yvelines et précisément au cœur de la ville de Poissy.
Nous connaissons Poissy comme une ville très industrialisée avec ses usines d'automobiles (Ford, Peugeot, PSA et maintenant Stellantis) mais c'est aussi une ville historique. Les premiers rois capétiens appréciaient ses forêts giboyeuses. Ils y firent construire une magnifique abbatiale. C'est en 1214, dans l'actuelle cathédrale Notre-Dame que le futur Saint-Louis a été baptisé. Mais ce qui nous intéresse aujourd'hui, ce sont deux maisons à l'architecture exceptionnelle. La première est mondialement connue et inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, c'est la villa Savoye construite par Le Corbusier, l'autre moins connue est inscrite depuis 2016 aux monuments historiques, la "maison de fer" dite aussi la "maison Eiffel".
Au cœur du parc Meissonier, dans un endroit verdoyant qui domine la vallée de la Seine, nous découvrons une grande maison blanche dont les murs brillent sous les rayons d'un soleil d'automne.
La voici donc cette maison de fer. Originale, elle l'est, rare, elle l'est aussi car on n'en recense qu'une dizaine en Europe.
Lors de l'exposition universelle de 1889, Gustave Eiffel a présenté des pavillons réalisés en plaques de tôle emboutie assemblées entre elles par des rivets. Il avait le projet de vendre ces maisons, facilement démontables et transportables, dans le monde entier et surtout dans les colonies de l'époque. Cela n'a pas été un grand succès. Parmi d'autres inconvénients, ces maisons sont inhabitables sous les latitudes où la température est élevée car le fer accumule la chaleur jusqu'à devenir brûlant.
Selon Karl Olive, l'ancien maire de Poissy, la maison de Poissy ne serait pas une maison Eiffel mais une maison construite par l'architecte belge Joseph Danly.
Cette maison que ses occupants appelleront familièrement la Mala en raison de son implantation rue de la Maladrerie été commandée, en 1896, par Georges et Janine de Coninck. pour en faire leur villa de villégiature, aux portes de Paris.
Joseph Danly était propriétaire des Forges et fonderies d'Haumont dans le Nord. Il avait fait breveter un système d'assemblage de tôles en fer galvanisé et embouties, fixées par des rivets, directement inspiré des techniques de construction de la Tour Eiffel.
Cette maison que les propriétaires ont probablement choisie sur catalogue se veut innovante, confortable et moderne, se prêtant à une décoration chaleureuse.
On découvre aujourd'hui une villa toute toute pimpante mais elle a connu des périodes beaucoup moins reluisantes.
La maison qui sera habitée jusqu'en 1980, l'a d'abord été par la famille de Coninck puis par ses descendants. Changeant de mains plusieurs fois, elle est occupée par les FFI à la Libération puis achetée en 1960 par un antiquaire italien qui la décore avec goût et aménage tout autour un jardin arboré et une roseraie.
C'est à cette période qu'elle est inscrite sur la liste des monuments historiques comme témoin de l'époque industrielle florissante.
Commence une période chaotique, elle est mise en vente en 1980 mais ne trouve pas preneur. Elle est abandonnée, squattée et saccagée. L'Etat qui projette la construction de la future autoroute A1 est intéressé par une procédure d'expropriation.
Entre un arrêté de péril et l'avis des monuments de France qui recommande de la laisser en l'état, la maison se dégrade de plus en plus.
Désolé de sa lente destruction, un architecte propose de la rénover et de l'intégrer dans un parcours architectural historique qui relierai la cathédrale Notre-Dame de Poissy (où fût baptisé le futur Saint-Louis), le musée du jouet, la maison Savoye construite par Le Corbusier et une maison en pisée. Le projet est discuté et avance quand la tempête de décembre 1999 fait s'effondrer les derniers éléments en place.
Ce n'est plus qu'un amas de tôles. Une demande de radiation des monuments historique est faite en 2001 et même renouvelée en 2006. Elle restera sans suite, ce qui, finalement, sera une bonne chose.
En 2015, la ville de Poissy reprend l'idée de la reconstruire estimant qu'environ 30% des plaques de construction et 64% de l'ossature sont récupérables. La vente se fait pour un euro symbolique. On décide de la reconstruire dans un endroit plus agréable; c'est le parc Ernest Meissonnier qui est choisi. Les plaques manquantes sont refabriquées à l'identique et un immense jeu de construction commence à la manière d'un Lego géant.
Les plaques sont assemblées mais désormais soutenues par une armature de parpaings qui permettra d'ajouter l'isolation et les tuyaux, canalisations et cables nécessaires.
En 2020, la maison est inaugurée.
Elle abrite désormais le centre d'interprétation du patrimoine qui met en valeur la richesse de la ville de Poissy et accueille des expositions temporaires. Actuellement, c'est le peintre et sculpteur Ernest Messonier qui avait installé ses ateliers à Poissy qui est présenté.
La maison est imposante avec ses trois étages , sa loggia et son clocheton.
C'est une visite qui peut se prolonger par celle de la villa Savoye construite par le Corbusier qui se trouve juste à quelques minutes à pied.
Merci de votre passage par ici. Passez une belle journée et faites de belles balades.
Tanielie
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