La villa SAVOYE de Le Corbusier à Poissy (78) -les extérieurs

J'aime me promener dans les villages anciens et je m'émerveille souvent devant une vieille église, un château en ruine ou une maison à l'architecture locale traditionnelle mais je suis tout autant curieuse de découvrir des bâtiments à l'architecture audacieuse. J'avais, depuis des années, envie de visiter la villa SAVOYE sortie de l'imagination de Le Corbusier mais l'occasion ne s'était pas présentée. C'est par un beau dimanche de cet automne ensoleillé que j'ai enfin pu la découvrir. Je vous emmène dans la "promenade architecturale" promise par le célèbre architecte. 

Invisible de la rue, bien cachée derrière de grands arbres, il faut suivre un chemin sinueux pour enfin la découvrir, posée au milieu de la pelouse d'une clairière ensoleillée comme le souhaitait Le Corbusier. 

Il a pensé la maison comme "une véritable promenade architecturale" la décrivant ainsi : "le spectacle architectural s'offre de suite au regard : on suit un itinéraire et les perspectives se développent avec une grande variété : on joue avec l'afflux de lumière éclairant les murs ou créant des pénombres".

C'est en 1929 que germe l'idée de ce qui allait devenir la villa "Les heures Claires".

Pierre Savoye, fondateur d'une société de courtage en assurances et sa femme Eugénie, un couple aisé de Paris, cherchent un endroit calme et boisé où faire construire une maison de villégiature proche de Paris pour y passer, à la fois des moments de détente avec leur fils mais aussi pour y recevoir leurs amis. C'est à Poissy, ville tranquille, en bord de Seine, qu'ils vont trouver leur havre de tranquillité. Ils achètent un vaste terrain de 7 hectares sur les hauteurs de la ville situé au 82 rue de Villiers.  Ils ont été séduits par la villa de leurs amis Church à Ville d'Avray et s'adressent donc naturellement à l'architecte, le franco-suisse Le Corbusier.

Charles Edouard Jeanneret-Gris est né en 1887 à la Chaux-de-Fond en Suisse. Architecte, urbaniste, peintre, il demandera, plus tard, la nationalité française et choisira de signer ses créations du nom Le Corbusier, s'inspirant ainsi du nom de ses ancêtres.

La ville de Poissy lui rend hommage avec cette statue de bronze, parfaite réplique d'une autre statue du même sculpteur et installée à Moscou devant le seul monument russe construit pas Le Corbusier.

Le Corbusier disait que "l'architecture n'est pas un métier, c'est une tournure d'esprit" 

Statue de Le Corbusier dans le centre de Poissy

C'est monsieur Savoye qui s'occupe de l'aspect financier du projet mais c'est madame Savoye qui exprime ses exigences. Elle veut une maison de plain pied, organisée pour la vie de trois personnes mais où on peut organiser des réceptions. Elle réclame le confort moderne, chauffage central, isolation des murs, salles de bains, garage pour leur trois voitures, que sa chambre soit située à l'étage mais donne carte blanche à l'architecte d'un point de vue architectural.

Le premier projet proposé par Le Corbusier ne respecte pas vraiment  les souhaits de Madame Savoye. Les pièces à vivre sont situées au 1er et au 2nd étage et les espaces réservés au personnel sont placés au rez-de-chaussée. ne recueille pas du tout l'adhésion de ses clients. Il est également beaucoup plus cher que ce qu'ils prévoyaient.  L'architecte va en proposer successivement cinq, judicieusement pensés pour amener l'acheteur à, finalement, adhérer à un plan très proche de sa première idée. 

Le Corbusier et Pierre Jeanneret, son cousin qui ont ouvert en 1922 un cabinet d'architecture, ont imaginé cette maison comme "une véritable promenade architecturale" mais également une "machine à habiter". Elle sera pour Le Corbusier, l'aboutissement de ses villas blanches pour lesquelles il recherchait une architecture "propre, nette, saine".

La villa SAVOYE  répond aux cinq conditions essentielles voulues par La Corbusier :

• les pilotis
• des fenêtres bandeaux qui s'étire tout autour de la maison
• un plan libre sans murs porteurs, autorisé par une ossature  autoporteuse de piliers et de poutres
• une façade libre
• un toit terrasse servant de jardin suspendu.

Madame Savoye aura finalement des exigences très précises comme celle-ci par exemple, elle tient à ce que son chauffeur puisse faire tour de la maison sans manœuvrer après l'avoir déposée , à l'abri de la pluie.

source Wikipédia

La surface de la maison sera donc organisée en fonction du rayon de braquage de leur voiture et les pilotis espacés de 4.75m pour qu'une voiture puisse aisément circuler entre eux.

L'entrée du garage sera ingénieusement prévue pour que Emilie Savoye qui conduit elle-même sa voiture, puisse y accéder facilement.

Les murs du rez-de-chaussée seront peints en vert pour qu'ils se fondent avec la nature environnante.

L'effet recherché par Le Corbusier était que la maison donne l'impression d'être posée sur la pelouse sans rien déranger.

C'est ainsi qu'un parallélépipède d'une vingtaine de mètres de côté, éclairé de fenêtres en bandeau et couverte d'un toit terrasse, offrant 440m² de surface à vivre et ayant coûté 900 000 Francs ( soit le double de ce qui était prévu) est devenu la villa "Les Heures Claires" inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2016. 

Merci de m'avoir accompagnée dans cette découverte. Nous visiterons l'intérieur à l'occasion d'un prochain billet pour poursuivre la "promenade architecturale" promise par Le Corbusier.

Passez une belle journée et faites de belles découvertes.

Tanielie