Des balades, des voyages, ici ou là , au jour le jour avec pour seule envie de s'émerveiller encore et encore
Je vous propose de partager une balade rafraichissante, bien adaptée aux journées caniculaires que nous vivons en ce moment.
A une dizaine de kilometres à l'Ouest d'Annecy, sur la commune de Lovagny, une insolite mais agréable promenade permet de comprendre le travail d'érosion de l'eau qui coule avec force et souvent violence dans les torrents de montagne, ainsi que de découvrir un lapiaz et de même de rêver, emportés par la légende du lieu.
Le Fier est un torrent puissant qui s'engouffre dans une vallée étroite et profonde qu'il a creusée au fil des millénaires passés. Le site est aménagé depuis 1868 d'une passerelle suspendue. Nous allons pénétrer au profond de ces gorges pour une visite impressionnante. Sujets au vertige, tenez bien la rampe!
La passerelle est étroite mais solide, on s'y balade en confiance. Nous y étions en juin mais il y a fort à parier que les visiteurs sont beaucoup plus nombreux en ce moment.
Revenons un peu en arrière . Un parking permet de stationner non loin de l'entrée du site (payant). On s'engage alors sur une passerelle solide qui surplombe le torrent.
Mais au détour de la falaise, on commence à percevoir une haute faille façonnée par le torrent.
On s'enfonce peu à peu dans la faille. Le vide sous nos pieds, le ciel, loin au dessus de nos têtes, le site devient impressionnant. Le torrent bouillonne en contrebas.
La passerelle est aménagée 25m au dessus du torrent et la falaise au dessus de nous s'élève d'une hauteur comparable. On se sent bien petit au milieu de cette faille.
Un peu plus loin de gigantesques marmites de géants attestent de la force du courant.
Les marmites de géants sont des formes circulaires creusées par les remous d'un cours d'eau lorsque celui-ci change de direction, se heurtant à des roches plus dures. ici on remarque qu'elles ont été creusées sur plusieurs dizaines de mètres de hauteur.
Et si nous avons besoin de preuves pour nous assurer que le lieu est bien exceptionnel, une toise récapitule le niveau des crues.
En 1960, les eaux sont montées à 27m de hauteur. Nous serions submergés là ou nous sommes.
La passerelle est longue de 300m. Elle débouche sur un endroit chaotique, une mer de rochers Le terme géologique est un lapiaz.
Le lapias ou lapié est une formation géologique de surface crée dans les roches calcaires par le ruisellement des eaux. Des rigoles, des arches, des grottes peuvent ainsi se former.(Wikipedia)
Vous avez vu les petites fourmis en haut et à droite de la photo, elles aident à percevoir l'ampleur du chaos.
De nombreux tableaux pédagogiques expliquent la création géologique de l'endroit. Les enfants y trouveront des exemples de leur cours de géographie en réel ,ce qui n'est pas si fréquent pour cette matière qui nous explique des périodes tellement lointaines.
Ce très bel arbre est le lieu idéal pour plonger dans la légende du lieu . On s'imagifnerait bien dans la forêt de Brocéliande
Allez, entrons dans la légende des gorges du Fier. Pour cela faisons un saut dans le passé qui nous transporte au temps des seigneurs du lieu.
Le comte de Montrottier qui habitait le chateau voisin (actuellement siège d'une société savante genevoise) venait d'épouser Diane, jeune et belle. Mais il se livrait avec ardeur à sa passion dévorante, la chasse, délaissant sa jeune femme qui s'ennuyant fort dans son château fort. Elle aimait à se promener dans la campagne accompagné de son page.
Mais Cupidon accompagnait leurs promenades. C 'est d'abord en silence que le jeune page s'éprit de Diane. Un amour impossible.
Puis, au cours de ses promenades, elle rencontra, dans le bois du poëte, le comte de Pontverre, son voisin mais aussi l'ennemi juré de son époux. Il s'éprennent l'un de l'autre et se rencontrent en cachette. C'est alors que le page, rongé de jalousie décide de révèler au comte de Montrottier les douces rencontres de son épouse.
Furieux, le comte cherche à se venger. Il tend un piège à son rival de voisin et le poursuit mais voyant qu'il va s'échapper, le page se jette sur le cheval et s'aggripe à sa longue queue. Se voyant perdu, le comte de Pontverre se dirige vers son château, de l'autre côté du Fier et alors même que son cheval sautait par dessus la faille, il saisit son épée et trancha net les crins de son cheval.
Le page resta un moment dans les airs puis tomba au fond torrent.
Ce sont , dit-on, douze fées qui lui construisirent un mausolée en empilant trois grosses pierres.
Ce n'est bien sûr qu'une légende; quoi que...
.Pourquoi les eaux auraient-elles scuplté dans la falaise les visages de Diane et de son page à la fois si proches mais séparés par le Fier.
Un peu plus loin, en contrebas le Fier retrouve un lit confortable, large et ensoleillé, propice à la baignade.
Il nous reste à revenir sur nos pas et admirer une fois encore cette faille tortueuse et imaginer ce qu'elle pourrait être dans ,disons, un millénaire ou deux.
Une ligne de chemin de fer emprunte ce pont de pierre. Gageons que les voyageurs n'imaginent pas le spectacle qui se déroule sous leurs pieds!
Merci de votre visite.
Faites de belles balades
Les gorges du Fier