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Des balades, des voyages, ici ou là , au jour le jour avec pour seule envie de s'émerveiller encore et encore

Nouaillé-Maupertuis en Poitou, une abbaye, une bataille, un mauvais chemin et... le franc (86)

Si vous aimez l'histoire de France, vous avez peut-être déjà entendu le nom de Nouaillé-Maupertuis où s'est déroulée la bataille de Poitiers en 1356, sinon, il est bien peu probable que vous connaissiez ce joli petit village. Nous sommes à une petite dizaine de kilomètres au sud de Poitiers dans la verdoyante vallée du Clain.

Une bataille célèbre et un village tranquille

En 1356, le Prince Noir, fils du roi d'Angleterre y a fait prisonnier Jean le Bon, le roi de France . Je vous en reparlerai plus loin.

La voici cette bataille de Poitiers représentée par Eugène Delacroix sur un tableau exposé au Louvre.  Les soirs d'été, une reconstitution animée par les habitants et bénévoles a pendant de nombreuses années fait revivre la bataille. 

Aujourd'hui c'est une bourgade bien sage et tranquille en périphérie de Poitiers. Elle s'est installée dans une boucle du Miosson, une petite rivière un peu capricieuse qui se réveille par grandes pluies et qui menace Poitiers et sa gare à chaque inondation hivernale.

Si aujourd'hui, elle ne défraye plus la chronique que dans la rubriques crues, elle est riche d'un passé historique et mérite vraiment un petit détour, ne serait-ce que pour le coup d'oeil que son abbaye  et ses fortifications offrent au regard lorsqu'on lorsqu'on arrive sur un parking en surplomb.

Entourée de belles forêts,  le vert est la couleur dominante de la cité en ce début d'été très humide. Il met particulièrement bien en valeur les vielles pierres et les toits de briques et d'ardoises mélangées dans cette région du seuil du Poitou qui hésite entre les ardoises de Touraine et les tuiles des Charentes. 

Un jardin médiéval

On découvre d'abord le jardin médiéval installé au pied de l'abbaye. Si on ne sait plus bien où se situait le jardin primitif, on sait qu'il répondait à la règle bénédictine qui préconisait les soins par les plantes et le don de nourriture à ceux qui en avaient besoin. Il devait également assurer l'autonomie de la communauté.

Les fondations de l'abbaye se perdent vers le VIIème siècle lorsqu'elle était attachée à Saint Hilaire de Poitiers. Elle se rattache ensuite, au IXème siècle, à l'ordre des Bénédictins et prend alors le nom de Saint-Junien. Elle s'agrandit et connait son apogée sous la protection des Comtes du Poitou. La guerre de Cent ans avec les Anglais va l'amener à se protéger par une ceinture de remparts. Un logis abbatial et des bâtiments conventuels sont ajoutés et constituent un très bel ensemble monumental. 

La révolution met un terme à la vie de l'abbaye qui sera vendue puis abandonnée jusqu'à ce que, heureusement, Prosper Mérimée, séduit par le lieu, œuvre pour sa protection ce qui nous permet aujourd'hui de découvrir ce bel endroit.

Passons le pont. 

Des remparts et des douves

Le pont de pierres est  flanqué d'une tour avec un curieux toit à casquette.

 

La cure se tient dans une maison traditionnelle de notre région avec une construction symétrique organisée autour d'un escalier aux rampes de fer forgé supportant les treilles qui s'accrochent aux murs. 

On arrive au logis abbatial aménagé fin XVème par l'abbé Raoul du Fou. 

La mairie est désormais installée dans ce beau bâtiment, bien préservé et entretenu.

Une belle tour abrite l'escalier qui dessert les étages.

On arrive rapidement à l'abbatiale qui présente un imposant clocher porche construit à l'avant de la façade.  On en trouve plusieurs  de ce type dans la région.

Juste à l'entrée de l'église un puits et une borne.

 

Un drôle de clocheton domine le bâtiment conventuel, c'est une cheminée de pierres  qui permettait l'évacuation des fumées des cuisines comme celles, très  célèbres, de l'abbaye de Fontevrault.  

 très

  L'entrée sud était protégée par un pont-levis à flèches.  Une seule tour est parvenue jusqu'à nous.

Il a été remplacé par un pont dormant qui enjambe les douves colonisées par les nénuphars.

 

 

Sur cette vue générale, on observe l'organisation de l'abbaye avec l'église et son clocher porte, les bâtiments conventuels et, tout au fond, le logis abbatial.  Sur la droite on remarque que les jardins étaient très organisés et installés au delà des douves. 

Et pour terminer, revenons à la bataille de Poitiers et à l'origine du nom : Maupertuis.

 En 1356, Nouaillé a donc été le théâtre de la bataille dite de Poitiers. C'est un épisode sanglant de la Guerre de Cent ans qui n'a cessé d'opposer les rois de France et d'Angleterre.

Edouard III, roi d'Angleterre, envoie son fils ainé, Edouard de Woodstock surnommé le Prince Noir en raison de la couleur de son armure, poursuivre la conquête des terres gasconnes. Il conduit une petite armée de seulement 7 000 hommes très habitués à combattre ensemble. 

Le Roi de France, de son côté, a réussi auprès des Etats Généraux  à lever de quoi constituer une armée de 15 000 hommes, des mercenaires, combattants très individualistes. Il est cependant persuadé que ce grand nombre de combattants l'amènera à une victoire certaine et rapide. 

Chacun prend position dans les collines et les forêts. Les anglais, simulant une retraite, s'installent un peu à l'écart. Au petit matin, le roi, sûr de sa supériorité, engage ses troupes à pied dans un mauvais chemin creux et bordé de fossés, un "maupertuis". Elles deviennent une proie facile pour les archers anglais si bien que la bataille tourne rapidement au bénéfice des anglais.

Le roi voyant la mauvaise tournure prise par le combat, envoie ses trois fils ainés à l'arrière, à Chauvigny, pour d'abord organiser la protection du royaume mais aussi préserver la descendance de la branche capétienne des Valois si régulièrement contestée. Le roi combat vaillamment avec son fils le plus jeune alors âgé de 14 ans. Sa bravoure lui vaudra le nom de Philippe le Hardi, futur duc de Bourgogne. C'est ce jeune garçon désarmé qui criait sans cesse au roi une phrase devenue célèbre : 

"Père gardez-vous à droite! Père gardez-vous à gauche!"

Les archers anglais auront tôt fait de vaincre l'armée française et de faire prisonnier, le roi et son fils. Ils seront détenus à Londres pendant quatre années.

La bataille a été représentée de nombreuses fois sur des enluminures. On y voit les troupes anglaises à cheval combattre les soldats français à pied dans un paysage bien différent de ce qu'il est réalité..

et la capture du Roi et de son fils le 19 septembre 1356.

Pendant cette bataille périrent 13 comtes, 66 barons, 1 archevêque et des milliers d'hommes d'armes. C'est dire si les pertes humaines sont importantes et la gestion politique du pays rendue difficile. 

La création du franc

Une énorme rançon est demandée par les anglais pour libérer le Roi. Pour répondre à cette exigence, il créera le "franc" ce qui n'empêchera pas la France de sombrer dans le marasme économique le plus sombre de son histoire.. La pièce crée en 1360 représente le roi Jean le Bon à cheval.

Le traité de Brétigny prévoit outre la rançon, qu'un tiers du royaume franc passe aux mains des anglais dont le Poitou bien sûr.

Si vous avez envie de prolonger un peu cette bataille, un passage imagé et agréablement lu des Rois maudits de Maurice Druon fait vivre les moments forts de cette bataille. 

Le récit de la bataille de Poitiers. dans le tome 7 des Rois Maudits de Maurice Druon

 Il est temps  de retrouver notre époque et de revenir sur nos pas et au passage de rmarquer l'épaisseur des remparts.

 

 Un dernier regard avant de retrouver la ville et nos activités moins chevaleresques et plus tranquilles. Merci de m'avoir suivie dans cette petite balade entre de bien belles vieilles pierres.

Passez une belle journée et prenez soin de vous!

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Y
Magnifique, tout a l'air si paisible.
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T
C'est effectivement très calme. Heureusement que ces guerres de conquêtes sont passées de mode!
P
magnifique découverte cordialement
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T
De tous petits villages ont parfois une histoire très riche. Merci de la visite
V
Je ne connaissais pas, et je suis sous le charme, quel endroit magnifique!!! merci pour cette belle découverte historique. gros bisous. cathy
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E
Bel article sur ce village de Nouaillé - Maupertuis que je ne connais que de nom !
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