L'abbaye de Bénisson Dieu (42)

Le village de La Bénisson-Dieu se situe dans le pays roannais, à une quinzaine de kilomètres au nord de Roanne, dans le département de la Loire, en région Auvergne-Rhône-Alpes.  Entre les Monts du Forez, le Beaujolais et les Monts du Lyonnais, la région est rurale, partagée entre prairies, vignes et forêts. Autrefois viticole, elle se développe actuellement avec l'élevage de bovins charolais et bénéficie de l'AOC du bœuf de Charolles.

Le curieux nom de ce village vient du latin Benedictio Dei (Don de Dieu), son gentilé est tout aussi curieux puisque les habitants s'appellent les bayerots.  Mais ce n'est ni pour son nom, ni pour son gentilé que ce petit village est connu mais pour l'élégance de son église paroissiale. Elle est imposante, plantée au beau milieu d'un vaste espace vert et surmontée d'un toit coloré. Classée monuments historiques depuis 1840, elle est le dernier et seul vestige d'un vaste ensemble de bâtiments qui composait, au XXème siècle, l'abbaye cistercienne de La Bénisson-Dieu.

On connait la beauté des toits recouverts de tuiles vernissées des Hospices de Beaune. Si ceux de cette ancienne abbaye sont plus modestes et moins connus, ils sont tout aussi beaux. Le soleil radieux de ce mois d'août faisait briller les tuiles vernissées jusqu'à ne plus rien distinguer des couleurs et de leur arrangement. Il fallut approcher pour en apprécier la beauté. 

 Une abbaye du XXème siècle, cistercienne en pays bénédictin.

Nous ne sommes pas très loin de Cluny et les abbayes bénédictines sont nombreuses. Mais au XIIème siècle, à Cîteaux, un mouvement nouveau se développe, prônant la stricte application de la règle de Saint Benoit. Le mouvement connait un vif essor et les abbayes cisterciennes ne suffisent à plus accueillir de nouveaux moines. De nouvelles abbayes sont construites. La Bénisson Dieu est l'une d'elles. C'est à la demande de Saint-Bernard de Clairvaux qu' Albéric, un de ses disciples, lance le 29 septembre 1138, la construction d'une nouvelle abbaye.   

La première abbatiale est modeste mais va régulièrement se développer. Il ne reste de cette époque que les bases de l'église qui sea, largement agrandie et remaniée par la suite. Les immenses espaces verts qui entourent l'église actuelle, nous permettent aisément d'imaginer l'étendue de l'abbaye à son comble. 

L'époque étant guerrière, les églises et les abbayes se protégeaient en s'entourant de murailles protectrices, de meurtrières et d'une tour défensive. Ces vestiges sont encore très visibles à différents endroits de l'église.

Ce n'est qu'au XVème, que Pierre de la Fin fera élever un clocher et recouvrir la toiture de tuiles polychromes vernissées.

Mais lorsque les guerres de religion ont fait rage, ici comme partout sur  le territoire,  l'abbaye a commencé à se délabrer. Devenue très inconfortable, les moines vont imaginer une solution pour le moins surprenante à notre regard du XXIème siècle.  Ils vont faire un échange d'abbaye avec les moniales de Mégemont dont l'abbaye est en bien meilleur état.  L'abbaye d'hommes devient donc une abbaye de femmes.

Les moniales se sont rapidement mises au travail, ont restauré, développé les bâtiments, ajouté une chapelle pour finalement redonner toute sa grandeur à l'abbaye.   

A peine a-t-elle retrouvé sa pleine activité que la Révolution arrive et que l'abbaye se trouve à nouveau pillée, vendue, dépecée et détruite en grande partie. Ce sont les habitants qui ont sauvé la nef et deux arcs du transept que nous voyons aujourd'hui en les rachetant et en les transformant en église paroissiale.  C'est grâce à eux que nous pouvons aujourd'hui découvrir les vestiges de cette belle abbatiale avec en point d'orgue, son toit coloré..

L'opulence des couleurs vives et des motifs contraste avec la sobriété de la construction, voulue à l'époque de sa construction, pour répondre à l'austérité cistercienne. 

Les dessins géométriques sont recherchés, à la manière de ceux d'un tapis. Le soleil affadit les couleurs qui sont en réalité beaucoup plus colorés.

La nef est d'une grande sobriété. 

 La chapelle baroque de Nérestang construite au cours de l'occupation par les moniales, contraste avec l'austérité des murs.

Des fresques et de nombreux vestiges retrouvés sont accumulés à différents endroits de l'église. Ils témoignent de sa longue histoire mouvementée. 

A quelques kilomètres de là, nous avons visité l'abbaye de Charlieu, plus connue. Elle est très différente. On disait que tout les opposait, même la couleur des habits de leurs moines, blanche pour les cisterciens, noire pour les bénédictins. Je vous en parlerai bientôt. 

D'ici là, portez-vous bien et faites de belles balades. Merci de m'avoir accompagnée pour cette visite.

Tanielie

Comments

[manou]

Un endroit magnifique que je découvre avec grand plaisir ! Mon fils habitant dans cette région je lui demanderai s'il connait et peut-être aurons-nous un jour l'occasion d'y aller en famille... Tes photos sont vraiment belles et donnent envie de la voir en vrai. Merci pour ce partage. Bises