Des balades, des voyages, ici ou là , au jour le jour avec pour seule envie de s'émerveiller encore et encore
Je vous conduis aujourd'hui en Bourgogne sur un site dont nous avons tous entendu parler mais que, pour ma part, je ne savais pas bien situer et qui est bien plus que le spectacle médiatique d'une ascension par un président de la République.
On va à la rencontre d'un grand site de France, d'un vin de caractère, d'un mode de vie paléolithique, de la légende d'un cheval préhistorique et d'un ancien président de la république, tout cela sur un minuscule territoire à 8km à l'Ouest de Mâcon.
Des vignes à perte de vue, nous sommes en Bourgogne sur le terroir des vins du Maconnais et plus précisément sur le territoire d'une appellation d'origine contrôlée qui couvre une toute petite zone de production, le Pouilly-Fuissé.
Le vignoble de Pouilly-Fuissé s'étend sur seulement quatre communes de Saône-et-Loire : Vergisson, Fuissé, Chaintré et Solutré-Pouilly.
Le terrain y est argilo-calcaire et on y cultive un unique cépage, le chardonnay, qui produit un vin blanc aux notes minérales ce qui est probablement dû aux nombreux fossiles emprisonnés dans le sol. Ce goût unique lui a valu le surnom de 'Roi du Mâconnais".
C'est seulement en 1922 qu'on jugea nécessaire de singulariser ce vin au goût particulier, des vins du Mâconnais auquel il appartient, en lui attribuant une AOC et une AOP. C'est un vin minéral, parfait avec les huîtres et apprécié en apéritif. La description de ses arômes est imagée comme toujours mais assez inhabituelle : amandes grillées, noisettes, miel, fleurs d'acacia, brioche au beurre, pamplemousse, ananas, silex et pierre à feu ( je n'y aurai jamais pensé!).
Reconnaissant la valeur et l'originalité de ce vin, les Hospices de Beaune se sont depuis peu rendus propriétaires d'un vignoble de Pouilly-Fuissé à Chaintré. Ils en mettent désormais la production en vente aux enchères, avec leurs Grands Vins de Bourgogne, chaque troisième vendredi de novembre. Cette année la vente aura lieu le 22 novembre à Beaune. C'est une vente célèbre dans le monde entier.
Ce rocher qui domine le vignoble (photo au-dessus) , c'est la Roche de Vernisson. Elle a la même origine géologique, produit les mêmes vins que sa célèbre voisine, la Roche de Solutré (au dessous) mais il n'a pas la même célébrité.
Alphonse de Lamartine, né à Macon et qui a passé son enfance dans le village voisin de Milly devenu Milly-Lamartine en hommage à son illustre résidant, aimait cet endroit. Il l'a évoqué à plusieurs reprises dans ses poèmes. Il en parle ainsi :
" Les éperons calcaires de Solutré et Vergisson donnent un élan imprévu au paysage si sage des environs de Mâcon. Comme si de grands navires pétrifiés s'étaient échoués sur l'océan des vignes ".
Les deux roches ont la même origine géologique. Au secondaire, il y a environ 160 millions d'années la région est recouverte de mers chaudes. Des massifs coralliens se forment.
Au tertiaire, le massif alpin se soulève et le bassin de la Saône s'effondre. Les plateaux plus à l'ouest s'inclinent peu à peu vers la vallée. L'érosion fait ensuite son œuvre et les roches de Vergisson et de Solutré apparaissent.
Le site de la Roche de Solutré a probablement été occupé depuis 55 000 ans mais c'est la période du paléolithique supérieur, il y a environ 18 000 ans qui a associé le nom de solutréen à la culture des hommes du paléolithique. Les silex taillés en feuille de laurier et les aiguille à chas trouvés en nombre lors de fouilles en sont des témoins.
Le nom de Solutré est également associé à un cheval préhistorique dont on a trouvé de nombreux ossements au pied de la roche.
Ce gisement paléolithique qui a permis de découvrir les restes de 100 000 chevaux, pose de nombreuses interrogations aux paléontologues. Comment autant de ces chevaux préhistoriques sont-ils arrivés à cet endroit?
Parmi plusieurs hypothèses contradictoires, celle qui semble la plus probable est que, lors de leur migration saisonnière des hordes d'animaux venant de la vallée du Rhône et se dirigeant vers les plaines du Centre à la recherche de nourriture, ont été abattus par des chasseurs postés à l'affût.
Une légende populaire et vivace prétend que les chasseurs guidaient les chevaux vers le sommet de la roche et que de là, les chevaux n'avaient d'autre possibilité que de sauter dans le vide et de s'écraser en contre-bas comme le suggère cette représentation de 1876.
Cette hypothèse est aujourd'hui peu suivie.
Un musée préhistorique parfaitement intégré à l'environnement a été voulu et inauguré par François Mitterrand.
La Roche de Solutré nous évoque aussi un sujet récurrent qui venait ponctuer la période de la Pentecôte.
Véritable "marronnier", nous avons eu droit à la retransmission télévisée annuelle de l'ascension de François Mitterrand, alors président de la République, de la Roche de Solutré.
Cette promenade familiale était devenue au fil des ans un événement médiatico-mondain où François Mitterand était accompagné de tout un aéropage de ministres et de gens qui tenaient à se montrer à ses côtés, éclipsant ainsi sa famille et ses amis.
Pourtant avant de devenir cet événement mitterrandien, c'était bien d'une balade familiale dont il s'agissait. Pendant la Résistance, François Miterrand avait trouvé refuge auprès de la famille Gouze à Cluny. Il s'est lié d'amitié avec Roger Gouze et ils se sont faits une promesse, celle de gravir ensemble la Roche de Solutré à Pâques. En raison du mauvais temps fréquent à cette période, le rendez-vous a été déplacé à la Pentecôte.
Roger Gouze avait deux soeurs : Christine qui se fera appeler Gouze-Renal (de son nom de résistante) et épousera Roger Hanin, le comédien et Danielle, elle aussi résistante et qui deviendra Danielle Mitterrand.
La promenade familiale et dominicale de la Pentecôte a toujours été la montée de la Roche de Solutré. Devenu président la famille, gênée par les journalistes à parfois gravi la Roche de Vergisson ou changé la date. François Mitterrand a assuré sa promesse jusqu'en 1996.
Du haut des 493 mètres du rocher la vue est étendue et magnifique ce qui a fait dire à François Mitterrand :
De là, j'observe ce qui va, ce qui vient, ce qui bouge et surtout ce qui ne bouge pas.",
Le lieu est de plus en plus visité et comme dans tous les endroits touristiques, la dégradation devient le principal souci des gestionnaires. Son classement parmi les 49 Grands sites de France répertoriés aujourd'hui a permis des aménagements respectueux de l'environnement. Stationnement, chemins d'accès sont pensés pour préserver les lieu.
"Un sphinx aux griffes plantées dans les ceps"
C'est un lieu étonnant avec une richesse culturelle indéniable.
Merci de votre visite par ici. Faites de belles balades et prenez soin de vous.
Par Elsa Dorey Pendant cinquante ans, François Mitterrand a enfilé chaque année ses chaussures de randonnée, sa casquette et son bâton de marche pour s'en aller gravir avec ses proches la roch...