Ambiance de fin d'hiver en Poitou (Gilles Sacksicki (Vienne - 86)

19.03.2023

Aujourd'hui, je vous invite à me suivre dans la découverte d'un petit coin du Poitou, sans prétention touristique, mais qui, ne manque pourtant pas d'intérêt.

Dans le Poitou, comme dans beaucoup d'autres régions, nous avons de plus en plus de mal à trouver des rendez-vous médicaux et nous devons nous résoudre à consulter des professionnels de plus en plus éloignés. C'est ainsi qu'un matin de février, dans un froid piquant j'ai pris la route à travers la campagne poitevine en empruntant un trajet que je ne fais pas souvent. Ce matin là, dans la brume, ce paysage pourtant familier m'a incitée à m'arrêter sur le bord de la route pour prendre une photo. L'ambiance me semblait "ouatée"

Le Poitou n'est pas connu pour être une région touristique, en dehors d'un tourisme vert qui se développe chaque année davantage. Il recèle pourtant bien des endroits où la vie est agréable et si, on s'y intéresse, l'Histoire y a laissé son empreinte. dès l'antiquité.

Sur la ligne d'horizon, on distingue à peine, noyées dans la brume matinale, les constructions de Poitiers. C'est la grande ville de la région, historique, universitaire et bourgeoise. Capitale de l'Aquitaine pendant plusieurs siècles, elle foisonne de lieux historiques. Je pourrai vous parler de Charles Martel qui aurait combattu les arabes. Une bataille d'historiens déplace régulièrement le lieu supposé de cette victoire de quelques kilomètres. Je pourrai vous parler d'Aliénor d'Aquitaine, née à Poitiers. Elle a régné sur la région puis est devenue reine de France et d'Angleterre. Je cous parlerai aussi de l'université de Poitiers qui a compté parmi ses étudiants François Rabelais, Joachim du Bellay, René Descartes et bien d'autre. Aujourd'hui on connait davantage Poitiers pour le Parc du Futuroscope (à gauche de l'image, perdu dans la brume), innovant dans le domaine de l'image.

Sur le flan ouest de la vallée du Clain, très vallonné, le paysage, de collines, de pentes douces et de cours d'eau qui serpentent entre les haies est harmonieux.

La région est boisée, par petites touches, ponctuée de beaux arbres isolés au beau milieu d'un champ et de bosquet de peupliers dans les zones les plus humides.

En cette fin d'hiver, les champs se colorent rapidement d'une herbe nouvelle, quasi vert fluo, montrant que le printemps n'est plus bien loin. Les labours ont commencé et peu à peu la campagne ressemble à un vaste puzzle de champs verts et bruns bizarrement imbriqués les uns dans les autres.

Dans cette large vallée du Clain, la terre est argilo-limoneuse, fertile et propice à des cultures variées et de plus en plus souvent nouvelles pour la région, comme le lin qui inonde en juillet les champs d'une éphémère couleur bleu qui vient compléter le jaune des colzas. J'espère que ces nouvelles cultures seront concluantes car je serait ravie de voir moins de champs de maïs inondés à tout va.

En approchant de Vendeuvre du Poitou, les hautes tours crénelées du château des Roches avec son toit d'ardoises, typique de la région, surgit derrière son mur d'enceinte. C'est en 1519 que le maire de Poitiers, Jacques d'Ausseure a reçu, par lettre patente, l'autorisation du roi, de construire une maison forte. La forteresse a été élevée sur un plan classique, un quadrilatère flanqué de tours défensives. Des douves sèches, un châtelet et un pont levis en protégeaient l'entrée. Le logis, placé entre les tours et la chapelle, était largement éclairé et confortable pour l'époque.

Je trouve que ce château a fière allure. C'est une propriété privée qui ne s'ouvre au public que lors de certaines festivités et conserve ainsi une part de mystère.

Vendeuvre de Poitou, l'appellation contemporaine de Vindobriga

Le village de Vendeuvre de Poitou n'est plus une commune autonome depuis qu'il a fusionné avec quatre autres villages voisins pour devenir la commune de Saint-Martin-La Pallu. C'est un choix de nom étonnant. Il fait certes référence à la rivière qui traverse la vallée mais, ce qui m'étonne beaucoup plus, à Saint-Martin, saint patron de trois des cinq églises. C'est la population qui a voté pour ce nom. On y trouve une cité gallo-romaine, un château médiéval et le souvenir d'un philosophe qui a marqué notre époque.

Vendeuvre qui s'est longtemps écrit Vendoeuvre tire son nom d'une antique cité celte, Vindobriga sur laquelle une cité gallo-romaine puis le village moderne se sont développés. Son nom provient de la toponomie des lieux : Vindo = blanc et briga = colline, et évoque une colline blanche. Blanche, comme le sol calcaire et les aubues (terres blanches non calcaires) de la région. Tous les villages de France qui portent le nom de Vendeuvre ont la même étymologie en référence à la couleur de leur terre.

La terre est ici propice à la culture de la vigne qui est cultivée ici depuis toujours (certains de mes ancêtres étaient vignerons depuis six générations et probablement plus mais je ne trouve plus de textes anciens qui l'attesteraient)

Les Tours Mirandes

S'il ne reste plus de traces de la cité celte, on a récemment mis à jour les restes de la ville gallo-romaine avec un sanctuaire, un théâtre, une esplanade, un quartier résidentiel et un quartier artisanal. Les pierres ont été pillées au fil des temps mais les fondations sont encore très visibles. Le théâtre qui apparait nettement pouvait accueillir 5000 personnes.

La villa le Piriou, hâvre de paix de Michel Foucault

Au cœur du village, sur un pilier d'une villa qui se cache derrière une imposante grille, une plaque de marbre indique : Le Piriou. Cette grande maison de maître est belle, bien entretenue mais rien ne semble la distinguer des villas voisines et pourtant, chaque année, elle est scrutée par de nombreux curieux, surtout des étrangers, japonais ou sud américains, espérant apercevoir la fenêtre du bureau où le philosophe Michel Foucault écrivait ses ouvrages.

La maison est privée mais s'ouvre à la visite pour les journée du patrimoine pour une découverte du bureau de l'écrivain et du parc où il aimait se ressourcer.

C'est la maison de famille du philosophe Michel Foucault où, jusqu'à sa mort en 1984, il passait les été avec ses neveux, y trouvant le calme nécessaire pour écrire ses nombreux ouvrages.

Michel Foucault de son vrai nom Paul-Michel FOUCAULT est un philosophe, détenteur d'une chaire au Collège de France, il l'avait intitulée " Histoire des systèmes de pensée". Il enseigne en Suède, en Pologne, en Allemagne avant de revenir en France où on lui confie la chaire de philosophie du collège de France. université de Bekerley en Californie

Il critique les normes du pouvoir sous toutes leurs formes et surtout celles qui paraissent apparemment neutres comme la médecine ou la psychiatrie.

Le philosophe qui ne cachait pas son homosexualité, est mort en 1984 d'une maladie liée au SIDA. Si son nom est encore attaché au SIDA, c'est qu'il a été la première personne connue a mourir de cette maladie. Son compagnon Daniel DEFERT mort très récemment touché de l'importance que prenait la maladie a décidé de consacrer le reste de sa vie contribuer à la connaissance du SIDA et au soutien de malades. Il est à l'origine de la fondation AIDES.

Quelques kilomètres plus loin, c'est le village de Beaumont-Saint-Cyr qui nous intéresse par son église et les ruines de son donjon.

L'église Notre Dame de Beaumont-Saint-Cyr

Reprenant mon chemin, me voici à nouveau arrêtée. Cette fois, c'est l'église de Beaumont-Saint-Cyr qui éclate de blancheur même sous le soleil palot de ce matin d'hiver.

C'est une belle église de tuffeau typique de notre région dont la construction remonte au XIIème siècle.

Le fronton, sobre avec ses arcs romans symétriques s'inspire de Notre-Dame la Grande de Poitiers.

Nous voici sur les coteaux de la vallée du Clain.

La terre et l'exposition sont propice à la culture de la vigne. Les vins du Haut-Poitou sont classés dans les vins de Loire et apparentés au vin de Saumur. Ils sont frais et légers avec des notes de fraise et de griotte.

Et c'est là, que Gargantua arriva, chaussé de ses grosses bottes crottées pour se désaltérer d'un bon vin de pays.

« Un jour, Gargantua qui se rendait de Paris à Bordeaux s'arrêta dans cette riante vallée du Clain. Il faisait très chaud et la veille, il avait beaucoup plu. Il but une grande quantité de vin du pays et il s'endormit. Lorsqu'il se réveilla, il voulut se remettre en route. Impossible de marcher ! La terre en séchant avait doublé le volume de ses bottes. Il secoua ses pieds si vigoureusement qu'une motte de terre tomba sur la commune de Saint-Cyr, se fut la Butte de la Haute-Flotte, la seconde motte vint tomber près de Beaumont, ce fut La Butte de la Tour de Beaumont.

Et voilà (selon la légende) comment la butte de Beaumont fut crée ainsi que celle de Colombiers dans la vallée de l'Envigne juste derrière nous. Le rocher qui domine la vallée est toujours appelé le rocher de Gargantua.

Rabelais, né à Chinon, à une cinquantaine de kilomètres au Nord Ouest d'ici a suivi " des lectures et des disputes" à l'Université de Poitiers de 1517 à 1529. Il a placé de nombreuses aventures de ses héros dans la région.

Au pied des ruines du château, des caves troglodytes étaient, au début du XXème encore utilisées comme habitations. désormais elles sont affectées à la conservation du vin.

J'écris très rarement sur ma région mais en une dizaine de kilomètres nous sommes passés de Gargantua à Michel de Foucault, d'une ville celte au Futuroscope en passant par un château et une église médiévaux.

Je vous souhaite une très belle journée. Prenez soin de vous.

Tanielie